Tour d’horizons des grands poètes et écrivains antillais

Tour d’horizons des grands poètes et écrivains antillais

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La Guadeloupe et la Martinique recèlent de grands poètes, d’écrivains, de romanciers, tels que : Ernest PEPIN, Aimé CESAIRE, Maryse CONDE, Gisèle PINEAU, Patrick CHAMOISEAU, Guy TIROLIEN, Raphaël CONFIANT, Suzanne DRACIUS, Max RIPPON…  Pour ne citer que ceux-là.

Les écrivains, romanciers, poètes antillais et quelques-unes de leurs œuvres majeures

Ernest PEPIN (Firmin Ernest Olaüs PEPIN), est né le 25 septembre 1950 au Lamentin en Guadeloupe, écrivain et poète. Il a écrit : 

  • L’homme au bâton en 1992
  • Le tango de la haine en 1999
  • Le soleil pleurait, Vents d’Ailleurs en 2011

Aimé CÉSAIRE est né le 26 juin 1913, il est décédé le 17 avril 2008 à Basse-Pointe en Martinique. Il est celui qui a inventé le concept de la négritude. Il a écrit :

  • Cahier d’un retour au pays natal qui est une œuvre poétique qui a été publié en 1939 et rééditée en 1947.
  • La tragédie du roi Christophe en 1963
  • Nègre je suis, nègre je resterai en 2005

Maryse CONDE (Marise BOUCOLON) est née le 11février 1937 à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Elle est journaliste, professeure de littérature et écrivaine. Elle fait partie du mouvement littéraire de la créolité. Elle a écrit :

  • Moi, Tituba sorcière en 1986
  • Le cœur à rire et à pleurer en 1999
  • La vie sans fards en 2012

Gisèle PINEAU est née de 18 mai 1956 à Paris, elle est d’origine guadeloupéenne. Elle lit et écrit depuis son plus jeune âge. Elle fut infirmière en psychiatrie. 

Elle a écrit :

  • Un papillon dans la cité en 1992
  • La grande drive des esprits en 1993
  • L’exil selon Julia en 1996

Patrick CHAMOISEAU est né le 3 décembre 1953 à Fort-de-France. Il a écrit des contes, des essais, des pièces de théâtre et de cinéma. C’est aussi un théoricien de la créolité. Il a écrit :

  • Chronique des sept misères en 1986
  • Texaco en 1992
  • Frères migrants en 2017

Guy TIROLIEN est né le 13 février 1917 à Pointe-à-Pitre, il est mort à Marie-Galante le 3 août 1988 à Marie-Galante. Il était engagé dans le combat de la Négritude. Il a travaillé à cet effet avec Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas. Il a participé à la fondation de la revue Présence africaine (1947). Administrateur colonial au Cameron et au Mali, représentant de l’ONU au Mali et au Gabon. Il a écrit : 

  • Balles d’or publié en 1961 (œuvre poétique)
  • Prière du petit enfant nègre 1943 (un manifeste de la Négritude), fait partie du recueil Balles d’or
  • Feuilles vivantes au matin 1977

Raphaël CONFIANT est né le 25 janvier 1951 au Lorrain en Martinique. Il est écrivain français et créole. Il est le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines à l’université des Antilles et de la Guyane. Il a écrit :

  • Eloge de la créolité en 1989
  • Grand café Martinique en 2020
  • Grand-Z’ongle Le maître de l’invisible en 2023  

 Suzanne DRACIUS est née le 21 août 1951 à Fort-de-France en Martinique, c’est une écrivaine talentueuse. Professeure de Lettres Classiques, elle travailla à Paris puis à l’Université des Antilles-Guyane, sur le Campus de Schœlcher jusqu’en 1996. En Lettres et Civilisation Caribéennes, elle effectua une recherche sur les villes de Saint-Pierre et Pompéi.  Elle a écrit : 

  • L’Autre qui danse en 1989
  • Le Serpent à plumes en 2007
  • Climb to the sky (Rue monte au ciel), recueil de nouvelles en 2012

Max RIPPON est né le 29 février 1944 à Grand-Bourg de Marie-Galante. Il écrit en français et en créole. Il est aussi poète. Il a inventé le racontage qui est sa façon originale d’écrire l’oral au rythme du pays. C’est aussi un penseur. Ses textes sont traduits en plusieurs langues. Il a écrit :

  • Débris de silences (poèmes) en 2004
  • Le Dernier Matin (récit) en 2003, étudié dans les écoles
  • Marie-Galante : itinéraires (Beaux livres) en 1997

Sylviane TELCHID est née le 17 septembre 1941 à Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe. Professeur de français et de créole à l’échelon scolaire et universitaire. Elle a écrit des romans, des livres pédagogiques, elle a effectué des recherches, produit des adaptations théâtrales et participé à des colloques. Le collège Bonne Espérance à Bélair Capesterre-Belle-Eau est baptisé et renommé collège Sylviane TELCHID en octobre 2014. Son buste a été inauguré le 19 octobre 2019. Elle a écrit :

  • Dictionnaire de créole-français en collaboration avec Hector Poullet en 1984
  • Différentes œuvres théâtrales sont adaptées en créole telles que LE BEL INDIFFERENT de Jean Cocteau ; L’AVARE de Molière…
  • Met en version créole LES FABLES de la FONTAINE

    Farandole de poèmes : Dé mo mat pawol

    La cuisine antillaise tient une place très importante dans notre société. Cependant, qu’il est agréable de mettre aussi à l’honneur nos poètes, nos écrivains en un mot nos intellectuels. 

    LA MAISON DES ANTILLES a donc décidé de vous soumettre 

    • Une fable de la FONTAINE traduite en créole par Sylviane TELCHID.
    • Le poème de Guy TIROLIEN : La prière du petit enfant nègre
    • L’âge des femmes de Max RIPPON
    • Soleil et eau d’Aimé CESAIRE
    • Finiséculaire haruspice de Suzanne DRACIUS
    • Dis-leur d’Ernest PEPIN

    Chyen polo é chyen béwjé par Sylviane TELCHID (fable adaptée "Le loup et le Chien")

    Té ni on chyen pòyò, i té mèg kon sékran

    Palapenn bòdé kaz, sé fizi é koulwòch
    Té ka fè-y channda.
    On jou i té ka ba lari chenn,
    I bouré épi on chyen-bèwjé !
    Prèmyé fwa, adan vi a chyen a-y,
    I tè ka jwenn chyen gwo é gra konsa. I di-y :

    « Konpè ! Kijan ou pé fè bèl konsa non ?
    Ou sé chyen kon mwen, mé asi lajè a karisti a-w,
    Ou pa ni chyen-sann, ni chyen-lari, ni chyen-pòyò.
    Ola ou ka rivé jwenn manjé ?
    Ban-mwen filon-la pou mwen pé sa vin kon vou !
    Gadé-mwen, an tou flègèdè, tout zo an-mwen dèwò.
    Lapli ka mouyé-mwen. Solèy ka brilé-mwen.
    Lari, pyès-pòyò, pyès-kann, sé sa ki kaz an-mwen.
    Sé anba loto an ka dòmi !
    Ponmoun pa vlé vwè-mwen !
    Toupatou sé baton, sé koulwòch, sé mizè.
    Sé anni lannuit an ka rivé sòti,
    Pou manjé dotwa kochonnri adan bwèt a zòdi. »

    Lòt-la di-y konsa :
    « Mé konpè, sé vou ki vlé vwè mizè !
    Ni moun ka chèché chyen pou gadé kaz a-yo !
    Pas ou savé, alè, vòlè toupatou kon tilili !
    Vin épi mwen, an ké menné-w la an ka rété la ;
    Ka ou ké ni pou fè ?
    Japé dèyè moun ka pasé two pré kaz a mèt a-w,
    Ba moun a kaz-la dotwa ti-dousin,
    Lèwgadé, manjé kon pas tini ! »

    I té kay suiv nòstwòm, lè i vwè on mak an kou a-y !
    I mandé-y :
    « Mé ka sa yè sa ?
    – Sa ? Sé mak a kòd-la yo ka maré-mwen la…
    – Mak a kòd-la yo ka maré-w la ? !
    Ou mèyè pa lib kon lè, endépendan kon chyen ?
    – Awa frè, sé lè mèt an-mwen ka lagé-mwen
    An ka ni tibwen libèté…
    – Aaaa ! Sé sa alòs ? Konpè, an pa ka manti pou di-w :
    « Vométan kribich an razyé olyé vyann lajòl !
    A onlòt sòlèy konpè ! »
    Lèwgadé, chyen-pòyò pran pyé a-y !
    É i pòkò janmé arèsté fannkann.

    La prière du petit enfant nègre de Guy TIROLIEN

    Seigneur, je suis très fatigué            
    Je suis né fatigué.
    Et j’ai beaucoup marché depuis le chant du coq
    Et le morne est bien haut qui mène à leur école.
    Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
    Faites, je vous en prie, que je n’y aille plus !
    Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
    Quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
    Où glissent les esprits que l’aube vient chasser.
    Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers
    Que cuisent les flammes de midi,
    Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers,
    Je veux me réveiller
    Lorsque là-bas mugit la sirène des blancs
    Et que l’Usine
    Sur l’océan des cannes
    Comme un bateau ancrée
    Vomit dans la campagne son équipage nègre...
    Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
    Faites, je vous en prie, que je n’y aille plus.
    Ils racontent qu’il faut qu’un petit nègre y aille
    Pour qu’il devienne pareil
    Aux messieurs de la ville
    Aux messieurs comme il faut.
    Mais moi je ne veux pas
    Devenir comme ils disent,
    Un monsieur de la ville,
    Un monsieur comme il faut.
    Je préfère flâner le long des sucreries
    Où sont les sacs repus
    Que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune.
    Je préfère, vers l’heure où la lune amoureuse
    Parle bas à l’oreille des cocotiers penchés,
    Écouter ce que dit dans la nuit.
    La voix cassée d’un vieux qui raconte en fumant
    Les histoires de Zamba et de compère Lapin,
    Et bien d’autres choses encore
    Qui ne sont pas dans les livres.
    Les nègres, vous le savez, n’ont que trop travaillé.
    Pourquoi faut-il, de plus, apprendre dans des livres
    Qui nous parlent de choses qui ne sont pas d’ici ?
    Et puis elle est vraiment trop triste, leur école,
    Triste comme
    Ces messieurs de la ville,
    Ces messieurs comme il faut
    Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune,
    Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds,
    Qui ne savent plus conter les contes aux veillées.
    Seigneur, je ne veux plus aller à leur école !

    L’âge des femmes de Max RIPPON

    Jeunes, elles ne comptent pas leur âge

    Puis elles n’ont pas encore l’âge

    Enfin elles ont déjà l’âge

    Et même  quand l’âge est de retour

    Elles ne font pas leur âge

    Parfois elles ont passé l’âge

    Elles vivent sans d’âge

    Et enfin hors d’âge

    Les femmes courent toujours après leur âge

    Soleil et eau d'Aimé CESAIRE 

    Mon eau n’écoute pas

    mon eau chante comme un secret

    Mon eau ne chante pas

    mon eau exulte comme un secret

    Mon eau travaille

    et à travers tout roseau exulte

    jusqu’au lait du rire

    Mon eau est un petit enfant

    mon eau est un sourd

    Mon eau est un géant qui te tient sur ta poitrine un lion

    ô vin

    vaste immense

    par le basilic de ton regard complice et somptueux

    Finiséculaire haruspice de Suzanne DRACIUS


    On dirait que des ciels s'entrouvrent,
    Non encore étales, pourtant,
    Somptueusement neufs, au demeurant,
    Et sereins, potentiellement,
    Si finiséculaires, si fastes,
    Si finimillénairement festifs
    Pour de dextres envolées, de favorables auspices,
    De multiples surgissements propices,
    Hors des présages funestes.
    J'optai pour que tous les ciels s'ouvrent, vastes
    Et clairs, en nonante-sept.
    Que calme et cirée s'offre à nous l'immensité océane
    — Kalmisiré, pour de vrai —
    En nous, pour nous et alentour, ad vitam aeternam.

    Dis-leur d’Ernest PEPIN

    Un oiseau passe

    éclair de plumes

    dans le courrier du crépuscule

    VA

    VOLE

    ET DIS-LEUR

    Dis-leur que tu viens d'un pays

    formé dans une poignée de main

    un pays simple comme bonjour

    où les nuits chantent

    pour conjurer la peur des lendemains

    dis-leur

    que nous sommes une bouchée

    répartie sur sept îles

    comme les sept couleurs de la semaine

    mais que jamais ne vient

    le dimanche de nous-mêmes

    VA

    VOLE

    ET DIS-LEUR

    Dis-leur que les marées

    ouvrent la serrure de nos mémoires

    que parfois le passé souffle

    pour attiser nos flammes

    car un peuple qui oublie

    ne connaît plus la couleur des jours

    il va comme un aveugle dans la nuit du présent

    dis-leur que nous passons d'île en île

    sur le pont du soleil

    mais qu'il n'y aura jamais assez de lumière

    pour éclairer

    nos morts

    dis-leur que nos mots vont de créole en créole

    sur les épaules de la mer

    mais qu'il n'y aura jamais assez de sel

    pour brûler notre langue

    VA

    VOLE

    ET DIS-LEUR

    Dis-leur qu'à force d'aimer les hommes

    nous avons appris à aimer l'arc-en-ciel

    et surtout dis-leur

    qu'il nous suffit d'avoir un pays à aimer

    qu'il nous suffit d'avoir des contes à raconter

    pour ne pas avoir peur de la nuit

    qu'il nous suffit d'avoir un chant d'oiseau

    pour ouvrir nos ailes d'hommes libres

    VA

    VOLE

    ET DIS-LEUR...

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